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Mutation d'un virus en Turquie Trop tôt pour le dire plus dangereux

Une mutation isolée d'un virus de la grippe aviaire H5N1 a été constatée chez un enfant turc décédé, mais il est trop tôt, selon des experts de l'OMS et de l'institut Pasteur, pour en conclure que le virus pourrait être devenu plus dangereux pour l'homme.

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"Nous n'avons aucune information suggérant que ce virus est plus pathogène ou plus dangereux que les autres virus", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Maria Cheng. "Nous avons vu une mutation en un point sur la protéine hémaglutinine qui permet au virus de se fixer aux cellules humaines mais, comme les virus de la grippe mutent tout le temps", nous ne pouvons pas déterminer si cela aura un impact, a ajouté Mme Cheng. Il reste aussi, souligne-t-elle, à savoir si la mutation constatée sur un virus d'un patient turc reste isolée ou si beaucoup d'autres virus venant de Turquie en sont porteurs.

D'après un communiqué commun publié jeudi soir par l'OMS et le Conseil de recherche médical (MRC) britannique, le virus prélevé sur un patient turc pourrait présenter davantage d'affinités pour les récepteurs (portes d'entrée) des cellules humaines que ceux des cellules des oiseaux.

"Les virus de Hong Kong en 2003 se fixaient plus volontiers sur les récepteurs des cellules humaines que sur les récepteurs des cellules des oiseaux. Les chercheurs pensent que le virus turc va présenter les mêmes caractéristiques", précisait ce communiqué.

Un seul des deux types de souches du virus aviaire H5N1 retrouvées chez l'enfant avait subi une mutation qui "en principe, devrait faciliter la transmission du virus des oiseaux à l'homme", a déclaré le directeur général du Conseil de la recherche médicale (MRC) britannique, Colin Blakemore. L'existence de ce nouveau virus explique "peut-être" le "nombre inhabituel de nouveaux cas en Turquie ces derniers jours", a-t-il précisé à l'AFP en marge d'un Forum international consacré aux cellules souches à Paris. Mais, dit-il, une mutation similaire identifiée à chaque fois chez un seul patient en 2003 à Hong Kong et, à nouveau, en 2005 au Vietnam, "n'avait pas entrainé une pandémie, il n'y a donc pas de raison particulière de s'inquiéter, mais il faut être vigilant".

La mutation "s'est probablement produite chez le patient", a-t-il estimé, précisant qu'il pourrait s'agir d'une "mutation facile", puisqu'elle se serait déjà produite chez deux autres malades auparavant. Pour l'OMS, la mutation concernant une seule souche virale, il ne faut pas généraliser et il est également "trop tôt" pour dire si ce type de virus pourrait se transmettre plus facilement des oiseaux à l'homme. Pour le moment, il n'y a, souligne Mme Cheng, "aucune preuve que le virus ait changé de comportement" et rien n'indique qu'une contamination inter-humaine soit facilitée.

Depuis que le virus H5N1 a provoqué mort d'homme, pour la première fois à Hong Kong en 1997 (18 cas, 6 décès), avant de frapper à nouveau en février 2003 à Hong Kong (2 cas, 1 décès) et de s'étendre, voici deux ans, à d'autres pays d'Asie, les experts redoutent qu'il s'adapte à l'homme au point de devenir contagieux entre humains. Depuis fin 2003, près de 150 millions de volatiles ont succombé au virus ou aux opérations d'abattage, et l'homme n'a été touché qu'à la marge, avec environ 80 décès confirmés par l'OMS. Les virus retrouvés chez les oiseaux et chez l'homme en Turquie sont "très, très similaires", ce qui signifie, selon Mme Cheng, que l'épidémie humaine est directement causée par les virus véhiculés par les volatiles. S'il y avait "une transmission inter-humaine efficace" on assisterait à une "explosion" de cas, note une microbiologiste de l'Institut Pasteur à Paris, Anna Burger. "C'est ça que tout le monde craint et essaie de traquer", ajoute-t-elle, précisant qu'il faut "un peu de temps" pour analyser les résultats britanniques et l'évolution de l'épidémie sur le terrain.

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